Première journée de cours...

La sonnerie retentit, mettant fin au cours. Jaina s'empressa de ranger ses affaires et réussit tant bien que mal à sortir de la classe puis à se faufilant dans le flot incessant d'élèves qui empruntaient les escaliers, qui pour une fois n'en faisaient pas qu'à leur tête. Elle gagna finalement les sous-sols pour rejoindre sa salle commune. Elle ~~balança~~ posa délicatement son sac sur son lit et siffla trois petite notes. Un bruit léger mais perceptible de griffes sur le sol minéral se fit entendre et Azz déboula d'on ne sait où. Il tourna plusieurs fois autour de sa maîtresse puis s'assit devant elle, la fixant de ses yeux malicieux.

- On va faire un tour ! s'exclama (joyeusement) la jeune serpentard, alors que le raton laveur grimpait sur elle, pour se loger sur son épaule.

Les deux amis quittèrent la fraîcheur des cachots pour gagner le parc. Le soleil était encore loin de se coucher et baignait les jardins du douce chaleur, largement supportable. Azz quitta son perchoir pour rechercher de quoi grignoter et courir après les papillons. Jaina s'adossa à l'ombre d'un arbre puis sortit un calepin et un stylo bille de l'une de ses poches internes. La nouvelle immersion de ce monde lui avait donné de nouvelles idées d'écriture.

[Notes]
Sortie… lège !

- Nan mais t’as vu sa face de crapaud ? On dirait Tante Adélaïde quand elle avait attrapé la rataria…

Je pouffai. Le souvenir de ma tante alitée, pestant contre le monde entier valait son pesant d’or. Ma cousine continuait de critiquer le professeur qui nous faisait face, droit comme un « i », à croire qu’elle avait garé son balais dans son… Les autres élèves écoutaient le discours d’une oreille presque attentive, certains s’échangeant les derniers potins de Sorcières Hebdo, d’autres disputant férocement une partie de bataille explosive.

- … Et c’est pourquoi, un test d’entrée a été instauré cette année afin d’évaluer votre potentiel.

Le silence emplit brusquement la salle. Tous les apprentis avaient retenu leur souffle, même les cartes se contenaient pour ne pas exploser.

- Quoi ?? s’exclama Cathy (la cousine)

- Vous m’avez très bien entendu, jeune demoiselle, rétorqua d’un ton pincé la vieille peau. Je vais donc vous appeler chacun votre tour pour passer l’épreuve, derrière cette porte…

La porte en question me parut soudain bien grande, oppressante. Je déglutis difficilement. Un test… un test de quoi ? Pas que je n’étais pas douée en magie, mais passer devant un jury ou un public me mettait toujours mal à l’aise.

- Cathy Minih, beugla la vieille bique. A vous !

Ma cousine me lança un clin d’œil avant de passer la porte à la suite du professeur. Les lourds battants se refermèrent derrière elle dans un claquement sec. Je sursautai.
Je pouvais sentir l’angoisse grandir dans mon ventre au fur et à mesure que les élèves passaient. Surtout qu’ils ne semblaient pas revenir une fois le test terminé. Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, je n’arrêtai pas de remuer sur mon siège, me rongeant les ongles. Et dire que je venais de les faire repousser une heure auparavant…

- Linda Phnée !

Je la suivis sans vraiment réaliser ce que je faisais. Habitée d’une sensation singulière je me sentais… ailleurs. Comme si ce qu’il se passait n’était qu’un mauvais rêve. Le long couloir que nous empruntions me semblait lointain, flou. Je ne me sentais même pas marcher, mes pieds animés d’une force inconnue. Je me laissai porter...

Flash aveuglant…

La pièce où je me tenais était plongée dans les ténèbres.

- Bonjour, Linda.

La voix grave mais joviale résonna longuement, tournant autour de moi.

- Tu vas pouvoir commencer, reprit-elle.

- Affronter tes peurs les plus obscures… enchaîna une voix féminine.

- Elève brillante… souffla une troisième personne, dans mon dos.

- Approche-toi ! commanda la voix grave.

Sur ma gauche, un haut miroir m’attendait dans un halo venant de nulle part.

- Qu’y vois-tu ? susurra la femme.

A ma grande stupeur, je n’y vis rien, pas même mon propre reflet.

- Regarde attentivement… N’ais pas peur d’affronter ta destinée…

J’y jetai un œil plus averti, en vain. Si c’était ça le test, je venais de l’échouer en beauté… J’allais me retourner quand le temps se figea une fraction de seconde. Le phénomène se reproduisit une seconde fois. Puis le miroir disparut dans un nuage sulfureux. Les vapeurs se dissipèrent peu à peu, laissant place à un attendrissant chaton qui me fixait de ses grands yeux ronds.

- Tue-le !

Je ne saisis pas tout de suite l’ordre qui arriva à mes oreilles.

- TUE-LE ! Hurla la femme.

- Co… comment… je…, bredouillai-je, confuse.

Je regardais autour de moi cherchant un appui quelconque, mais un voile noir me cernait, étouffant. Un souffle dans mon dos. Je me retournai pour me retrouver face à… Sa beauté me stupéfia. Ses traits fins, sa coiffure légère et raffinée, ses yeux glaçants mais hypnotiques, ses lèvres vermeilles…

- Mochatrix ! Vous n’allait quand même pas…s’exclama la voix grave.

- Ttttt, siffla la sorcière, en faisant un signe négligent de la main.

Elle tourna autour de moi, sa main glacée frôlant ma joue.

- Tu sais… ce n’est pas si compliqué. Il faut juste que tu y mettes tout ton cœur, que tu laisses ta haine couler dans tes veines. Regarde !

Eclair mordoré. Miaulements plaintifs, insupportables.

- A toi.

Je restai là, figée par tant d’horreur. Comment pouvait-elle… Mon regard ne pouvait quitter le félin encore parcourut d’arcs électriques.

- Tu n’as pas compris ? Tu veux que je te montre de nouveau ?? exulta-t-elle.

Sa baguette se dressa de nouveau, prête à frapper. Je ne vis même pas le coup partir. Dans un « Bang » magistral, Mochatrix venait de traverser la pièce et se ramasser lamentablement contre un mur. Je lâchai ma baguette encore fumante, l’excès d’adrénaline chutant instantanément. Qu’avais-je fais ?

Raclement de gorge.

- Humm, c’est… comment dire… une variante du test, commença la voix grave.

- Tout à fait mon cher, approuva le troisième sorcier, enjoué. De façon originale, soit, mais grandement réussi. Quelle haine…. J’en frissonne encore. Toutes mes félicitations mademoiselle Phnée. Evidemment aucune sanction ne sera retenue contre vous, pour ce… fâcheux incident…

- Encore brav...

Un "boujour" jovial retint mon stylo.